top of page

Conférence d'Emmanuelle Jay, Julia Palombe et Flore Cherry à la librairie L'arabesque

Ce 8 juin, Emmanuelle Jay, créatrice des ateliers éros écriture érotique, a échangé avec Julia Palombe et Flore Cherry sur les questions de genre dans l'écriture, ainsi que sur les représentations des femmes dans la littérature érotique. Cette rencontre a eu lieu à la librairie du 104 à Paris, L'arabesque.


Discussion avec Emmanuelle Jay.


Penses-tu que des différences existent dans l'écriture selon qu'un homme ou qu'une femme écrive ? Peut-on parler d'écriture féminine et d'écriture masculine ?


Dans les ateliers, j'observe très peu de différences entre les écritures des hommes et des femmes. Ou plutôt, j'observe de nombreuses différences, mais qui ne sont pas dues au genre des plumes, mais plutôt à leur sensibilité. Les univers sont très variés, mais aucune corrélation avec le sexe de la personne. Les femmes comme les hommes savent être crus, brutales, sauvages ; et les hommes comme les femmes peuvent se montrer très sensuels, écrire dans des univers « sacrés » mystiques, métaphoriques.


Les plumes s’épanouissent et écrivent fonction de leurs sensibilités, de leurs sexualités, de leur goûts, de leur langue et de leur musique intérieure.


Je pense qu'on peut parler d'écriture féminine ou d'écriture masculine mais que cela n'a rien à voir avec le sexe de la personne. Cela aurait à voir avec ce que "culturellement" on place du côté du féminin ou du masculin.


Est-ce que les clichés persistent dans l'écriture érotique ?


Dans les ateliers on travaille justement la questions des clichés et des représentations. J'essaie, par mes propositions d'écriture, de provoquer une réflexion autour de la représentation des corps ou des relations de domination. Pour enrichir l'univers érotiques de chacun·e ou tout simplement pouvoir partager dans la différence. Cela peut passer par l'exploration d'un texte rédiger entièrement avec le pronom iel, ou d'une consigne qui consiste à érotiser des défauts physiques. Récemment, j’ai constaté qu’il était peut-être plus « acceptable » qu’une femme écrive sur la soumission plutôt qu’un homme. Je pense aussi que les hommes et les femmes ne placent pas la censure de leurs imaginaires aux mêmes endroits.


Est-ce que la question de consentement se pose aussi dans les ateliers ?


La question du consentement dans les représentations littéraires se posent régulièrement en atelier. Récemment j’ai lu une nouvelle d’Anaïs Nin lors d'un l’atelier pour faire travailler les plumes et un passage a suscité un débat. Deux plumes ont dit avoir été mal à l’aise. Nous en avons discuté. Une autre fois, dans un autre groupe, s’est posé la question du : "peut-on tout écrire ?". Ce débat faisait suite à un texte dont le twist était que le personnage s’apercevait qu’il couchait avec sa mère. Adultère, inceste, scatologie... la question "peut-on tout écrire" est rapidement devenu : "veut-on tout entendre" ? C’était plutôt chouette car la liberté de tout écrire a primé dans le groupe mais nous avons décidé d’utiliser un trigger warning pour les sujets sensibles afin que chacun·e puisse choisir d'entendre le texte ou non. J’ai adopté cette règle en atelier. On suscite le consentement dans la réception des textes lorsqu’on en fait fit dans les écrits !


Quelle est l'importance de la mixité dans les groupes ?


J’ai longtemps regretté de n’avoir que des plumes hétérosexuelles dans mes ateliers. À la rentrée 2022, j’ai décidé de donner de donner des noms de romans d’Anaïs Nin à mes groupes : Venus erotica, Les chambres du coeur, Comme un arc en ciel. Des plumes m’ont contactée pour le groupe Comme un arc en ciel pour me demander si le groupe était réservé aux plumes Queer ou Fluide gender. J’ai répondu que tous les groupes étaient pour toutes les plumes, y compris, les plumes Queer ou Fluide gender. Mais j’ai pu constater à quel point le nom de l’atelier était essentiel. Etait-ce un gage de sécurité pour ces plumes ? Autre remarque : par hasard cette année, j’ai eu un groupe 100% féminin. Et cela a changé pas mal de choses. Quand on écrit un monologue du clitoris c’est très différent si l’on est dans un groupe mixte ou dans un groupe de femmes exclusivement. L'auto-censure n'est pas la même. J'ai donné cette consigne dans plusieurs groupes. Les textes des hommes sur le clitoris étaient très drôles ! Pleins d’humour. Ceux des femmes étaient emprunts d’amour et de reconnaissance.


Souvenir de la conférence, Flore Cherry, Julia Palombe, Emmanuelle Jay


Comments


bottom of page